Au début, le confinement n'a pas bouleversé notre quotidien. Mon épouse est artisan, je suis photographe, nous sommes familiers des journées solitaires, des coups de bourres comme des coups de mou, des hauts et des bas, c'est le lot des métiers indépendants où chaque jour est différent du suivant. Nous sommes installés à la campagne depuis vingt ans, avec nos deux garçons, après avoir vécu à Paris où nous travaillons régulièrement. Nous mesurons notre chance dans cette période qui nous offre d'entendre la nature comme jamais, car ici, aussi, le brouhaha de l'urbanisation et de la mondialisation gagnent.
Après quelques jours d'acclimatation à ce nouveau schéma de vie contraint, inédit, quelques tâches administratives réglées, dans l'incertitude du lendemain qui nous tient, les projets se sont retrouvés bouleversés, suspendus. Sans visibilité, sans savoir vraiment où aller, je me suis mis en mouvement. Je suis sorti. En respectant strictement les consignes dérogatoires : 1km, 1h, 1 (seul). C'était au matin du 1er avril, je me suis mis en tête de photographier 1 arbre, mon arbre préféré, point de passage de nos balades dominicales habituelles. J'ai commencé au lever du soleil puis échelonné mes venues au fil des jours, m'offrant de voir la nature se réveiller, changer, variant les saynètes, imaginant des métaphores face à mon arbre quotidien (...)
Et de rencontrer quelques habitués de la sortie dédiée à l'activité physique, jusque-là encore autorisée. Là un cycliste, ici un cavalier... jusqu'à rencontrer mon ami Lionel.
Une séance de portrait s'est improvisée. D'autres ont suivi, évoluant au fil des jours de confinement, au fil des sentiments, chacun, professeur, retraité, étudiant [...] évoquant le temps présent autant que celui qu'il imagine ou espère... pour l'après.