Tirage pigmentaire sur papier coton
‘Nous avons marché pendant trente-deux heures au pas ordinaire du cheval pour aller de Mogador à Maroc. Cette route est fort monotone; après avoir dépassé la zone accidentée des arganiers qui égayent et rafraichissent un peu le paysage, on ne trouve plus que sables, chemins pierreux, terrains incultes et sans eau, jusqu’à cette interminable plaine de Maroc, où l’on ne peut se défendre d’un serrement de coeur à la vue de ces belles terres vierges vraisemblablement superposées sur une nappe d’eau découlant des montagnes, et si malheureusement dépeuplées et abandonnées à la BARBARIE’ - Auguste Beaumier, consul de France à Mogador, février 1868
De barbarie je ne connais aujourd’hui que celle qu’égrènent les désastres du temps présent, aux dépens des mémoires, oubliées, effacées. De barbarie, je n’entends que celle des saillies, des sentences dont nous bombardent les puissants.
De Barbarie a surgi une plante qui fleurit autant qu’elle pique, qui nourrit autant qu’elle écoeure, résistante autant que fragile. On la dit symbole de résilience. Aujourd’hui elle pleure et dépérit. C’est un cactus: figuier de barbarie. Je m’en suis entiché, m’y suis attaché. Puis je me suis laissé porter par le vent et les chants étourdissants des paysages en mouvement des Amazighs,
des hommes libres.
20/05/2025
Depuis 2021, une cochenille invasive décime les cultures de figuiers de barbarie d’Afrique du Nord jusqu’au cœur de la région d’Essaouira où elles rayonnaient. Arrivée d’Amérique au XVIe siècle, la plante cactée s’est acclimatée des flancs vallonnés et ventés des côtes barbaresques, empruntant à ce terroir chargé d’histoire jusqu’à son nom hérité des grecs, adopté par les colonisateurs. Hérissée d’épines, elle pousse sur les murets empierrés des parcelles cultivées pour en repousser les prédateurs, les étrangers. Mûrissant au gré de ses raquettes, son fruit est prisé pour son goût, sa couleur et la douceur de son huile vendue à prix d’or. Symbole de résilience, la plante est aujourd’hui menacée: le cours du fruit s’envole et l’économie ténue du travail local, principalement des femmes, est menacée, à l’instar de la filière arganière tourmentée par le dérèglement climatique.
La recherche scientifique cible la rémission à l’horizon 2030 avec la recherche de nouvelles variétés.